Vincent Béja
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20 septembre 2020
Vincent Béja

Le Care infini de Big Brother et le superviseur

En fait, après plus de 6 mois de gestion calamiteuse de la pandémie du Covid-19 par les autorités sanitaires et nombre de gouvernements du monde entier, il me vient la nécessité de dire comment ma position entre en contradiction avec la bien-pensance et l’onctuosité d’un « care » totalitaire. Je vais m’expliquer plus avant.

Mais on aura peut-être remarqué au passage que je persiste à rester au masculin pour nommer ce virus, épargnant probablement au genre féminin d’héberger dans ses listes un si virulent déclencheur de pagaille. Plus sérieusement, cela n’est probablement pas anodin que nous soyons nombreux à considérer le nom de ce virus comme appartenant au genre masculin plutôt que de suivre la détermination officielle qui s’efforce, apparemment sans grand succès dans les conversations courantes auxquelles je participe, de le féminiser.

Car ce qui me dérange et même me gratte parfois intensément, dans toute cette affaire, c’est cette volonté sans faille de nous protéger à tout prix d’une épidémie dont on avait compris assez vite qu’elle avait pour cible principale un public spécifique de personnes à la fois âgées et fragilisées par une co-morbidité importante.
Nous avons été très nombreux à avoir souffert :

  • de mesures liberticides comme, par exemple, l’interdiction pour les médecins de prescrire la Chloroquine (dès le 26 janvier) ou celle de se déplacer (jusqu’au 1er juin)
  • d’une mise à l’arrêt de presque tous par un confinement généralisé de trois mois, contraire à la prise en charge épidémiologique mais que seule la défaillance inavouée de nos services de soins justifiait
  • en particulier d’un nombre insuffisant de lits, de personnels, de tests et de masques pour assurer un fonctionnement correct des services de soins intensifs et de réanimation,
  • l’interdiction d’accompagner nos personnes âgées et d’enterrer nos morts
  • de discours lamentables se contredisant au fil du temps et qui refusaient de reconnaître l’impréparation dans laquelle étaient nos services de santé,
  • de conflits d’intérêt manifestes dans les personnes chargées de conseiller les politiques
  • d’une soumission médiatique incroyable au discours officiel
  • qui a pris la forme d’un déluge d’informations et d’images chargées d’inoculer la peur dans les esprits, probablement afin de faire oublier l’incurie du système

La parade pour ne pas reconnaître l’incurie a donc été d’abord de nous contrôler en instillant la peur et en nous interdisant de nous soigner. Ensuite, une fois la vague épidémique passée, de nous envelopper dans un discours continuant de faire croire à la menace épidémique.
Big Brother ainsi nous protège de son « care » infini... En obéissant sagement aux consignes, nous serons responsables et nous protégerons les autres...

Du coup, bientôt près d’un an après le surgissement du virus en Chine et plus de six mois après l’instauration du confinement en France, toujours pas de liberté de rassemblement et pas moyen pour un institut comme l’IDeT qui fait de la relation le coeur de sa visée de redémarrer son activité de formation en groupes tenus en présentiel...

Il y a maintenant des zones vertes dans lesquelles je tire mon masque de la poche pour entrer dans un commerce et des zones rouges dans lesquelles je porte constamment le masque sur le cou. J’y croise nombre des regards sévères, réprobateurs. J’ai maintenant décidé d’y répondre en retournant fermement un autre regard qui se voudrait interpellant : « et toi, quand cesseras-tu de te laisser manipuler ? »
Mais comment faire quand la peur s’immisce jusque dans les groupes de supervision ? Quand, pour quelques uns, le sens des proportions s’est perdu ou qu’un des proches a été touché sévèrement ou tué par la maladie ?
Comment rassurer quand tout le contexte officiel entretient l’inquiétude ?
Et comment arriver, dans ces conditions, à remettre en cause ces discours distillant la peur sous le prétexte de la responsabilité ?
Comment, donc, assumer publiquement que je ne crois pas une goutte de ce qui est dit, que je ne cesse d’y voir un discours asservissant et une manoeuvre dilatoire de la part des autorités ? Comment dire cela et accepter de paraître irresponsable et dangereux pour autrui et pour mes proches ?

Car j’ai peur, peur de rompre la bien-pensance, de sortir du troupeau, d’être vu comme mauvais, non solidaire et comme une menace pour le groupe.
C’est cette peur qu’il nous faut chacun franchir pour retrouver la liberté : assumer de n’être pas conforme, sortir de cette prison de la bien-pensance, se positionner. C’est en étant de plus en plus nombreux à avoir ce courage que la nasse dans laquelle nous sommes encore s’évanouira.